Le mot de la fin


Votre partenaire actuel(le) vous a avoué aimer se faire chahuter, et vous propose un petit scénar super épicé. Cool, ça va être fun.

Seulement dans la violence, il n’y pas vraiment de limite haute: est-ce qu’on s’arrête à une tenue ferme ? A tirer les cheveux ? A attacher ? Insulter ? A mettre des fessées ? A étrangler ? A frapper ? De quelle force ? Avec quoi ?

Dilemme: aller trop loin est dangereux et déplaisant. Mais ne pas allez assez loin, c’est peu satisfaisant pour la victime. Et on ne va pas poser la question en pleine action. Je l’ai fais une fois, ça casse complètement l’ambiance.

La seule manière, donc, c’est de monter crescendo, jusqu’à ce que l’autre dise stop. Oui mais, heh, dire stop, arrête, et autres supplications plus intimes, ça peut très bien faire partie du jeu. C’est là qu’il vous faut convenir du fameux mot de sécurité, ou safe word pour les gens branchés qui regardent les séries américaines sexualopuritaines.

Le choix

Le safe word doit être court. Armageddon n’est donc PAS un bon safe word. Quand vous êtes à bout de souffle, il faut pouvoir le dire vite et facilement.

Le safe word doit aussi être hors de propos, pour éviter qu’il ne sorte pas erreur.

Étant donné que prendre 30 minutes pour choisir un safe word va pêter le rythme de votre petite sauterie, je vous suggère de toujours prendre le prénom de la victime (ou le diminutif si il est trop long). En effet, on ne dit jamais son propre prénom, et entendre quelqu’un parler soudainement comme Alain Delon est toujours surprenant, ce qui est l’effet voulu. Enfin, on ne risque pas de l’oublier, ce qui arrive dans un moment de panique.

Évidement ça ne marche pas si vous vous appelez tous les deux Michel(le). Mais là démerdez-vous.

L’usage

La première chose à savoir, c’est que la victime ne prend son pied que parce qu’elle a confiance. Sans confiance, plus de laisse, plus de fouet, plus de menottes, finito. Donc quand on entend le safe word, on s’arrête. Immédiatement. Dans le domaine du raisonnable évidement, si vous tenez la personne en l’air, vous l’a laissez pas tomber par terre. Mais vous voyez le tableau. Donc, self control ici. C’est normale de se laisser emporter, mais c’est super dangereux, surtout si vous êtes avec quelqu’un qui demande d’arrêter à la limite de ses capacités: aller plus loin, c’est dépasser sa limite d’endurance, et un truc peu casser. Allez expliquer ça à l’hôpital, après…

Ensuite, parfois le safe word ne suffit pas: avec un gag ou la tête forcée dans l’oreiller, on peut gueuler très fort, personne n’entendra rien. A ce moment, il faut faire comme au judo :-p Tapper 3 fois avec la main (ou le pied, ou n’importe quoi de libre). Ca demande de faire attention à ce que fait l’autre, et donc de rester alerte. Et accessoirement de lui donner l’occasion régulièrement de s’exprimer.

A l’inverse, si vous avez été bien à l’écoute et que l’autre a eu toutes les opportunités de demander grâce, et que rien n’est venu, ne vous arrêtez pas. Continuez, même si ça vous parait limite. Vous ne savez pas ce que la personne veut. Quelque chose qui vous parait absolument hors de question pour vous peut tout à fait être très facile à encaisser pour quelqu’un d’autre, et votre partenaire serait très déçu(e) si vous n’alliez pas jusqu’au bout. Serrez les dents.

Et oui, parfois il est plus difficile d’être du actif que du côté passif ! L’excellent film canadien Le déclin de l’empire américain l’explique très bien: “Le pouvoir de la victime, c’est effrayant”.

En conclusion

Une fois que c’est fini, c’est fini. Tous les sévices mis en oeuvres durant le jeu ne sont que cela: un jeu. Un jeu aberrant, que seule une espèce comme les humains est assez conne pour pratiquer, mais un jeu quand même. Ca veut dire qu’en  sortant de là, les participants reprennent leurs places dans leur vie. Si le jeu déborde dans la vie réelle, non seulement ça peut devenir très malsain et dangereux, mais surtout, la confiance va encore une fois s’étioler, et le cul, ça marche énormément à la confiance, d’autant plus si on va dans des pratiques un peu extrêmes.

Sinon, vous aviez remarqué que les initales de Sam&Max ça faisait SM ? C’est purement un hasard bande d’obsédés ! Nous avons une sexualité ordinaire la plupart du temps. Non parce qu’à force de lire les articles on pourrait se demander…

Une jeune femme pale nue portant une capuche de fourure blanche, et un grand homme musclé noir nu portant une galoule de cuir. Les deux tiennent une balance.

Non, nous ne ressemblons pas à ça. Mais notez l'équilibre de la mise en scène, qui reflète bien le propos de l'article.

12 thoughts on “Le mot de la fin

  • Teocali

    Definitivement, j’aime beaucoup le mix de ce blog : etant developpeur et mecobsédé, ça me convient bien. :)

  • roro

    A mon humble avis: Il faut distinguer deux types de SM.
    Type A):- Personnes à l’intellect développé, qui entraine une tendance à la perversion, (qui est une forme de soif de connaissance). Dans ce cas, la chose étant purement phantasmatique, le tortionaire doit faire SEMBLANT;Les deux mains misent en collier autour du coup ne doivent en aucun cas serrer; si peu que ce soit. C’est la “victime” qui dans son phantasme ressent la pression, et vit l’étranglement. Toute la technique, et la subtilité réside dans la capacité à faire croire que…
    Type B):- Personnes qui par suite de traumatisme,(physique ou mental), ou de désordre neurologique, recherchent la souffrance (physique ou mentale). Ces personnes sont des MALADES, et on ne doit en aucun cas accéder à leur demande, sous quelque forme que ce soit.
    Le problème est de determiner à quel type on a à faire.

  • Sam Post author

    Je n’ai pas de trauma connu et je ne fais pas semblant. Je fais quoi docteur ?

  • Luigi

    Un petit NSFW en titre (pour la dernière image) ?
    Je sais que c’est un lendemain de 15 aout et qu’il n’y a pas grand monde dans les bureaux, mais mieux vaut prévenir que guérir :o)

  • Vlad

    Hop blog en favori (super les articles sur python) !

    Une dernière chose qu’on peux rajouter en plus du safeword, c’est de ne jamais quitter des yeux la victime même pour aller chercher un simple verre d’eau, c’est la première cause pour qu’une séance se transforme en accident.

    Je suis plutôt fétichiste que fan de SM mais bon…

  • Atg

    A Sam qui se demande ce qu’il fait : eh bien, il faut continuer !

    En urgence hospitalière, je peux assurer que je n’ai jamais vu un seul cas de blessure dû à ces jeux érotiques. Des personnes, surtout des mecs seuls d’ailleurs, qui s’enfoncent des objets incongrus dans le rectum, ça oui, ce n’est pas une légende. Et une sacrée galère pour les extraire d’ailleurs les dits objets.

    Des nanas avec des marques suspectes sur les fesses, oui, de temps en temps. Au pire des bleus. Elles consultent pour tout autre chose. Pas besoin d’un entretien approfondi pour constater que ces marques résultent d’une passion érotique. Une petite gêne s’installe, on répond un truc du genre “Ah, je vois qu’on a vécu ces temps-ci !” et ça finit en sourires ou en rigolades.

    Des femmes massacrées par leur mari, hélas on en voit beaucoup. Mais il n’y a rien d’érotique là-dedans. Ces personnes sont à l’exact opposé des joueurs. Le joueur est fasciné par le plaisir de sa victime consentante. La brute épaisse n’a aucun intérêt dans ce plaisir. Il s’agit d’ un malade potentiellement dangereux.

    Le problème, en France, est d’ordre linguistique. On a un seul mot pour parler de deux entités radicalement opposées (alors que le concept est allemand et en propose plusieurs). Le “pervers” au sens pathologique du terme, cherche en gros à faire en sorte que l’autre se déteste lui-même. Il est très rare qu’il passe par un biais sexuel explicite, même si ça peut arriver. Le fameux “sadique sexuel” dont toutes les femmes ont peur mais qui n’existe pratiquement jamais dans la réalité.

    L’autre pervers lui, dans sa petite maladie, est obsédé par le plaisir sexuel de l’autre et croit disposer de “secrets”. Qu’il garde sa maladie ! Elle lui crée du plaisir. Et sa pseudo victime ne s’en plaindra jamais. Je n’ai pas de chiffres, mais ça m’étonnerait fort que les gendarmes soient saisis de plaintes émanant de nanas qui ont reçu une fessée érotique !

    Pour résumer, Sade était tout sauf…un sadique.

    Je ne connais pas de troubles neurologiques (sauf chez le vieillard qui n’en est plus à ça près) associés à ce type de pratiques à partir du moment où il y a plaisir sexuel.

  • Sam Post author

    @Luigi: je vais mettre le tag.

    @atg: c’est rare qu’on est un bon com comme ça sur les articles de boule. En général ce sont les techos qui argumentent. Ca c’est bon !

    • Sam Post author

      C’est magique ce truc ! En tant que végé, j’apprécie le côté subtil de la cuisson sur une plaque en forme de pentacle.

  • bms

    Hahaaaaahaha mais qu’est-ce que c’est que cette photo ?
    Des barres franchement !!

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