liberté – Sam & Max http://sametmax.com Du code, du cul Wed, 23 Dec 2020 13:35:02 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.7 32490438 Deux conneries à la seconde http://sametmax.com/deux-conneries-a-la-seconde/ http://sametmax.com/deux-conneries-a-la-seconde/#comments Sat, 20 Apr 2013 20:27:01 +0000 http://sametmax.com/?p=5819 Je ne sais plus si je l’ai raconté sur le blog, mais quand j’étais gosse, j’avais lu un dessin de Reiser (ou Plantu, je ne sais plus bien) qui m’avait marqué. Je ne l’ai jamais retrouvé.

Il y avait un dialogue entre deux personnages :

– «les ordinateurs sont formidables», disait le premier. «Il peuvent calculer 20 milliards d’opérations à la seconde, avec seulement une erreur toutes les 10 milliards d’opérations »
– L’autre répond : «2 conneries à la seconde, t’appelles ça un progrès ?»

Internet est un réseau de millions d’ordinateurs aux ordres de millions de consciences humaines.

Si il y a une définition de ce qu’est un catalyseur, Internet est l’exemple qui la suit dans le dictionnaire.

Comme tous les catalyseurs, Internet est neutre, il permet de faire plus vite, plus efficacement et à plus large échelle tout ce dont l’humanité est capable. Les hommes consomment plus vite, apprennent plus vite, lisent plus vite, s’informent plus vite, produisent plus vite, communiquent plus vite, créent plus vite, publient plus vite, débattent plus vite, prennent des décisions plus vite, jouent plus vite, échangent plus vite…

Et avec plus de personnes. A moindre coût.

Effets secondaires

Comme l’humanité n’est pas parfaite, le catalyseur démultiplie aussi ce que l’humanité fait de pire : les terroristes s’organisent plus vite, les pédophiles se satisfont plus vite, les dealers vendent plus vite, les extrêmes idéologiques prennent des forces plus vite…

Tout comme le couteau permet de travailler plus vite et, entre autre, de tuer plus vite.

Tout comme l’imprimerie permet de transmettre le savoir plus vite, y compris celui de faire des bombes.

Tout comme la voiture permet de déplacer plus vite, y compris la cocaïne.

C’est vrai, il y avait moins de Go Fast en 1935.

Aujourd’hui on veut vous faire croire que parce que l’ordinateur permet de faire deux conneries à la seconde, il faut tout protéger. Tout verrouiller. Tout vérifier.

Parce qu’Internet donne une puissance énorme aux malades sexuels, aux fanas des explosifs et aux porteurs d’idées noires, il faut légiférer, espionner, contrôler et brider.

Mais la somme de l’humanité, c’est plus que la souffrance des enfants maltraités par des pervers. C’est le potentiel, pour des des millions d’enfants, d’avoir accès à n’importe quelle information pour pallier à l’imperfection de l’éducation locale.

La somme de l’humanité, c’est plus que la violence de xénophobes agressifs qui instillent la haine. C’est le potentiel de millions de citoyens qui savent, et peuvent, plus et mieux, défendre l’avenir de leurs sociétés.

La somme de l’humanité, c’est plus que la mort sanglante des victimes des bombes du marathon. C’est le potentiel des millions de personnes qui vivent dans des pays éloignés par la distance et la culture, mais qui peuvent entrer en contact, et apprendre à s’aimer.

N’attendez pas l’Unesco

Les grand médias ne parlent plus d’Internet que comme machine à fric et boîte de pandore hébergeant les menaces les plus folles.

C’est bien plus que ça.

Internet, c’est la nouvelle humanité. C’est la route la plus courte pour mettre en relation les communautés, gommer les différences d’âge, de sexe, d’éducation et de milieux. Et vite.

C’est la démocratie et la liberté, incarnées dans un service.

Avec l’argent que brasse Internet, on a tendance à croire qu’il a révolutionné le business, et que c’est ce qu’il faut protéger.

On ne pourrait avoir plus tort.

Si demain Internet disparaissait, l’impact économique serait énorme, mais l’impact social serait le plus important.

Nous perdrions le pouvoir de parler tel qu’il existe aujourd’hui.

Comprenez bien, l’histoire est un cycle. On oscille entre la guerre et la paix. Entre l’abondance et la pauvreté. Entre la liberté et l’esclavage. Aucun pays, aucun peuple, aucune période n’est une exception. Notre système s’écroulera et sera remplacé par un autre. Peut être plus libre, sans doute moins. Les français connaîtrons des conflits majeurs, comme le reste du monde. Ils auront faim, puis ça ira mieux, puis ça recommencera.

Tout ceci est naturel.

La possibilité que le prochain cycle soit meilleur que le précédent dépend entièrement de notre capacité à nous éduquer les uns-les autres. Pas du haut vers le bas. Tous. Les uns les autres. Gutenberg a permis aux démocraties modernes d’exister.

A notre niveau de population, de consommation et potentiel d’impact nuisible en tant qu’espèce, Internet est le seul outil qui soit suffisamment efficace pour nous organiser à travailler à un avenir meilleur, plutôt que de nous entre-tuer. Et il n’a cette efficacité actuelle que parce qu’il n’est pas contrôlé par une minorité et permet à tout le monde de parler à tout le monde, de n’importe quoi, en temps réel.

Cette minorité finira toujours par se planter sur le long terme, à cause de ses limites humaines. Par contre, la somme de l’humanité s’équilibre globalement, et d’elle émerge nos meilleurs systèmes, nos innovations, notre futur. Si on laisse un gouvernement ou une entité quelconque choisir ce que permet de faire Internet, nous attendrons ces limites, et ce sera game over. Internet jouera contre nous, plus avec nous.

C’est pourquoi il est primordial de ne pas considérer Internet comme un simple service.

C’est pourquoi il est primordial d’avoir un Internet libre et neutre.

C’est pourquoi il est primordial de ne pas laisser les journalistes lui coller une réputation dans un but sensationnaliste.

C’est pourquoi il est primordial de ne pas laisser un groupe ou un autre avoir une trop grande influence sur le réseau.

Internet n’est plus une expérimentation technologique, il est le support de notre avenir en tant qu’homo sapiens.

Cela a déjà été dit. Mon article n’a rien de nouveau. Mais cette vérité a besoin d’être répétée, martelée, car les gens oublient, se lassent, considèrent les choses les plus importantes comme acquises, et les perdent de n’avoir plus su les apprécier. Cela non plus je ne l’ai pas inventé. Je l’ai constaté à l’échelle mondiale et j’ai pu lire des milliers d’intellectuels faire le même constat en tout point du globe. Ce que je peux faire de mon bureau. Grâce à Internet.

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